Crise humanitaire dans le nord-est du Nigeria

Dossier » Crise humanitaire dans le nord-est du Nigeria » 18 Janvier 2018

Le nord-est du Nigeria se caractérise par un niveau relativement élevé de pauvreté, de malnutrition et de faibles capacités de développement. Depuis mai 2013, une violente insurrection menée par le groupe islamiste Boko Haram a conduit à des déplacements de population importants et à une crise humanitaire dans la région du lac Tchad. Les affrontements qui opposent depuis plusieurs années le gouvernement nigérian et Boko Haram connaissent depuis 2014 une escalade dramatique. En outre, le groupe a prêté allégeance à l'État islamique et pris le nom de « Province ouest africaine de l’Organisation de l’Etat islamique » en mars 2015.

L’armée a repris le contrôle des principales villes et de quelques villages dans l’Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria. L’ampleur de ce désastre est désormais visible : la situation sanitaire est aujourd'hui critique dans cet Etat, où des centaines de milliers de personnes ont été coupées du monde extérieur, parfois depuis deux ans.

Que ce soit dans la capitale de l'État, Maïduguri, ou dans les zones plus difficiles d’accès, des centaines de milliers de personnes ont un besoin urgent de nourriture et de soins médicaux, en dépit de certains efforts visant à augmenter les distributions. Même dans les zones facilement accessibles, lorsque nos équipes demandent ce dont les gens ont besoin, la réponse est toujours la même : « Nous avons besoin de plus de nourriture ». De plus, dans cet État, plus de 40% des structures de santé ont été détruites dans le conflit opposant l'armée nigérienne à Boko Haram.

MSF tente d'étendre ses activités médicales et de lutte contre la malnutrition dans plusieurs localités de l’État de Borno, en surmontant les limites liées à l'insécurité.

Activités de MSF dans l'Etat de Borno

En juin 2016, une équipe MSF a relevé des taux de mortalité très élevés à Bama, deuxième ville de l’Etat de Borno. Plus de 10 000 personnes y vivaient regroupées dans un camp. Les taux de mortalité y étaient alors nettement supérieur au seuil d’urgence et 19% des enfants souffraient de malnutrition aiguë sévère. Une équipe MSF y a donc mis en place des activités afin de renforcer les soins médicaux et nutritionnels, distribuer de la nourriture ainsi qu'améliorer l'accès à l'eau et les conditions d'hygiène du camp. En octobre, ce taux de malnutrition aiguë sévère était redescendu au niveau de 2%.

En juillet, des équipes de MSF travaillant à Banki ont mené une enquête similaire pour constater qu'un enfant sur douze était décédé et qu'un enfant sur quinze souffrait de malnutrition aiguë sévère. En septembre, une équipe de MSF à Ngala a découvert qu'un enfant sur dix était victime de malnutrition aiguë sévère.

Maïduguri, capitale du Borno, a observé un afflux de population, entrainant la saturation des hôpitaux. Y accroître la capacité d’hospitalisation est ainsi devenu une priorité pour MSF. En février 2017, plus 800 000 personnes déplacées vivaient à Maiduguri, la plupart d’entre elles étant accueillies par la communauté locale, ou dans des camps.

MSF a également relancé des activités médicales d'urgence à Monguno, Bama, Dikwa, Damboa, Benisheikh, Gwoza, Pulka, Ngala et Gambaru.

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— M6info (@m6info) 31 mai 2017

Bombardement à Rann

Le 17 janvier 2017, un bombardement sur un camp de déplacés a fait au moins 90 morts et plus de 150 blessés dans l’état de Borno. Une équipe médicale de MSF, qui avait commencé à travailler dans le camp juste quelques jours auparavant, a apporté les premiers secours à 120 blessés dans le dispensaire sous tente, qui était la seule structure de santé dans la zone.

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Epidémie de choléra

MSF continue d’étendre son intervention dans l’Etat de Borno, face aux nouveaux cas de choléra observés à Monguno, Dikwa et dans plusieurs quartiers de Maiduguri. Entre le 16 août et le 18 septembre 2017, 2627 cas, dont 48 décès, ont été déclarés par le ministère de la Santé de l’Etat de Borno.

« A Monguno, nous avons adapté notre structure médicale de manière à isoler les patients suspectés d’avoir le choléra, et nous avons ainsi un centre de traitement du choléra de 110 lits, observe le Dr Félix Kouassi, coordinateur médical MSF. Nos structures de santé fonctionnent 24 heures sur 24, tous les jours et fournissent des soins gratuits. Nous restons en état d’alerte et continuons de suivre avec nos agents de santé communautaires la propagation du choléra dans l’Etat de Borno. »

L'unité de traitement du choléra de MSF à Dala, dans la ville de Maiduguri. Nigeria, août 2017. © Nitin George/MSF

L'unité de traitement du choléra de MSF à Dala, dans la ville de Maiduguri. Nigeria, août 2017. © Nitin George/MSF

Pour prendre en charge et protéger les personnes les plus vulnérables, et infléchir les taux de mortalité, les équipes de MSF doivent mettre en œuvre des moyens exceptionnels.

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