Une consultation médicale limitée à… 20 minutes

Une consultation médicale limitée à… 20 minutes

"Une médecine au chronomètre". Le titre du quotidien Le Matin reflète le malaise lié à la réforme de la durée des consultations médicales entrée en vigueur le 1er janvier 2018. Depuis le début de l'année, les consultations sont calculées à la minute près, car celles-ci ne doivent pas franchir la barre des 20 minutes pour être prises en charge par l'assurance maladie. Les enfants et les personnes âgées font exception et peuvent bénéficier d'une consultation plus longue. La limitation de durée de ces consultations médicales de base passe mal auprès des patients, selon le journal Le Matin.

Un risque de médecine à deux vitesses

Et en cas de dépassement de durée ? "Soit le médecin devra renoncer à facturer le surplus, soit il débordera et le patient courra le risque que la facture ne soit que partiellement remboursée", explique au quotidien Le Matin Pierre-Alain Schneider, président de la Société médicale de la Suisse romande (SMSR). Le cas échéant, seuls les patients les plus aisés pourraient payer la facture, ce qui reviendrait à compliquer l'accès aux soins des plus modestes… Certains entrevoient le risque d'une médecine à deux vitesses dans le cas où les patients doivent s'acquitter des coûts induits par le surplus. "On instaurerait à ce moment-là une médecine à deux vitesses, ceux qui ont les moyens de s'offrir pourront avoir du temps supplémentaire", anticipe Philippe Eggimann, président de la société vaudoise de médecine, à la RTS.

Des consultations plus "économes" ?

Pour faciliter les choses et permettre au médecin de traiter au mieux chaque patient dans ce temps imparti, un seul "problème" sera traité à la fois. Se pose alors le cas des patients présentant plusieurs pathologies. Un vrai problème pour Marie-Josèphe Rey, interniste et cardiologue, interrogée par Le Matin, qui juge cette mesure scandaleuse. "Il paraît insensé d'abréger la consultation si c'est pour faire revenir le patient parce que l'on n'a pas pu tout évoquer. Il arrive aussi que, au cours d'une consultation pour un problème bénin, on décèle une pathologie grave. Dans ce type de cas, il serait indécent de ne pas prendre le temps d'expliquer les choses correctement au patient."

Avec cette mesure, qui concerne aussi bien les médecins généralistes que les spécialistes, l'Office fédéral de la santé publique s'attend à réaliser des économies, de l'ordre de 470 millions de francs par an (environ 400 millions d'euros). Des retombées économiques à nuancer selon Philippe Eggimann . "Les effets ne seront pas aussi importants qu'escompté, en tout cas sur les coûts globaux de la médecine".

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